nouvel ordre monastique: l'unite d'antioche


Après une longue période de discernement spirituel Mère Agnès Mariam a demandé à ses supérieurs du monastère du Carmel de Harissa au Liban, où elle vivait depuis 1971, l'autorisation de quitter la vie cloîtrée pour découvrir et servir son Eglise locale (l'Eglise d'Antioche) afin de commencer une fondation monastique dans le but de revenir aux sources spirituelles du monachisme oriental comme un moyen puissant de témoignage chrétien face à l'énorme défi de survie des chrétiens aujourd'hui au Moyen-Orient. Elle a reçu la bénédiction du Saint-Esprit de ses supérieurs et a quitté les murs du monastère du Carmel après 21 ans de vie cloîtrée. C’est l'année 1991-1992. Ensuite elle est allée étudier à Paris pour se perfectionner dans l'histoire du monachisme ancien, dans l’hébreu et dans le syriaque. Là, elle rencontra Sœur Claire-Marie (française), qui elle aussi était carmélite en ex-claustration  et qui cherchait une vocation en Orient. Ils ont uni leurs forces dans un même projet. La Providence divine a ouvert pour  elles le chemin pas à pas. Cet article veut vous proposer les étapes principales.

 

28 août 1993 jusqu'en octobre de la même année

 

A cette époque, Mère Agnès Mariam faisait des recherches en profondeur sur son Eglise locale [Église d'Antioche], sans pour autant négliger l'aide humanitaire, dans lequel elle a toujours été impliquée, même quand elle était cloîtrée. Puis elle a été invitée par le supérieur d'une communauté monastique maronite pour l'assister. Elle et Sœur Claire-Marie s’installèrent dans  ce monastère, dans la montagne « Metn » au Liban.

 

Octobre 1993 - 14 Juillet 1994

 

En Août elle se rendit en Syrie et visita le monastère de Mar Moussa [1] restauré par le Père Paolo Dall'Oglio, un prêtre syriaque jésuite qu’elle connaissait depuis les années ’80 et dont les travaux de fondation en Syrie l’ont grandement influencé. Quittant le monastère pour aller à Homs, le compagnon du père Paolo, Frère Jacques Mrad, lui demanda de le rejoindre à Homs. Sur leur chemin, ils passèrent par Qara, un beau village au long de l’autoroute. Frère Jacques lui proposa de visiter une vieille ruine au côté ouest du village: un monastère datant du 6ème siècle attribué à Saint Jacques le Mutilé. Pendant qu’elle se promenait au milieu des gravats, des pierres, d’arcs et de portes tombées, tous construits autour d'une tour romaine (voir photo ici) Elle fut inexprimablement touchée par la majesté du lieu, par la densité du silence qui portait une si grande histoire de sainteté et d’épreuves. Elle demanda à qui appartenait le monastère. Frère Jacques lui répondit qu’il appartenait au diocèse grec-catholique de Homs et qu’il allait précisément à l’évêché- ils se sont mis en route à l’instant pour visiter l'évêque.

Ruines du Monastère en 1994.
Ruines du Monastère en 1994.

Mgr. Abraham Nehmé fut profondément touché quand il entendit le souhait de Mère Agnès Mariam de reconstruire les ruines et s’écria: "Ça fait dix ans que je cherche désespérément quelqu'un qui s’intéresse à ce monastère". Ils sont parvenus à un accord verbal. En février un contrat écrit fut signé. Puis, le 14 Juillet 1994 les travaux de restauration commencèrent. Mgr. Nehmé demanda à sept de ses séminaristes d’aider pendant un mois pendant leurs vacances d'été. Avec eux et avec l'aide de quelques travailleurs journaliers et des enfants du village le chantier commença sous la direction d'un ingénieur civil qui assistait Mère Agnès-Mariam. Tous ces événements et bien d'autres ont démontré la main de Dieu dans cette nouvelle fondation.

14 juillet 1994 – 15 septembre 1995

 

Mère Agnès-Mariam continua à rester au Liban et surveillait le chantier par des allers et retours en Syrie. A la même époque, elle établit avec trois universités en France, en Belgique et au Liban "l'Institut d'Antioche" pour la conservation et la restauration du patrimoine culturel et religieux des Églises d'Antioche. Dans cette période, elle et Sœur Claire-Marie déménagèrent du monastère des sœurs maronites au monastère de la Résurrection à Faraya avec une communauté laïque qui voulait y servir et qui demanda l’accompagnement spirituel de Mère Agnès Mariam. Là, elle fut impliquée dans beaucoup d'activités spirituelles où elle guida plusieurs groupes et individus. Elle poursuivit également l’implémentation de l'Institut d'Antioche.

Mi-septembre 1995, Mère Agnès Mariam et sœur Claire-Marie ont organisé des cours d'iconographie à Faraya. Carmel Dawalibi, une jeune femme libanaise, participa aux cours, et plus tard rejoint Mère Agnès Mariam et Sœur Claire-Marie dans la fondation et reçut le nom de Sœur Carmel de Saint Jean-Baptiste (photo). Elle deviendra la fidèle main droite et infirmière de Mère Agnès Mariam.

 

15 septembre 1995-1997

 

Ces années étaient caractérisées par une intense activité du groupe fondateur: visites ou séjours en Syrie, voyages en Turquie pour connaître les anciens chrétiens, qui devenaient / deviennent des minorités persécutés, des activités et des séances de l'Institut d'Antioche", qui fut rebaptisé en «Maison d'Antioche" en 1996 et qui devint une institution non-académique qui fournissait beaucoup de soulagement spirituel et matériel à de nombreuses personnes en difficulté (en particulier des handicapés, des chrétiens déplacés qui cherchaient à retourner dans leurs villages, et des personnes en Irak qui étaient assiégés).

 

En 1995, le groupe fondateur s’installa à Qara, dans la maison de la paroisse, apportant nombreux groupes et individus du Liban et de l'étranger pour visiter le monastère et le village. En 1996, un grave accident de voiture obligea Mère Agnès-Mariam à retourner au Liban où elle fonda avec Sœur Carmel "la Maison du Fils de l'homme", institut dans lequel ils recevaient les plus marginalisées de la société: toxicomanes, prostituées adolescentes, personnes impliquées dans l'occultisme , ... 

 

1997-2000

 

Durant ces années, sans refreiner les préparatifs de la fondation en Syrie et les activités de la "Maison d'Antioche", elle organisa, avec son équipe durant quatre années consécutives, le Festival du Fils de l’Homme à Beyrouth qui était destiné à préparer et à célébrer le grand jubilé de l'an 2000. Ces festivals de musique chrétiens étaient les plus grands dans leur genre dans l’histoire du Liban. Ils ont été largement diffusés dans les médias locaux et ont réunis à chaque fois plus de 10 000 personnes. L'entrée fut libre et le Festival comprenait de nombreuses activités avec la participation de groupes de musiques chrétiens orientaux  et occidentaux.

 

 L'année 2000

 

Le 13 mai 2000, en dépit du fait que la mère de Sœur Carmel  vivait ses derniers jours, (elle mourût le 17 mai en odeur de sainteté), la vie monastique débuta effectivement dans le monastère de Saint-Jacques qui était dès à présent suffisamment rétabli. Et le 14 Septembre, la fête de la Croix, dans l'année jubilaire, l'évêque publia un décret pour l'érection du monastère le constituant "sui iuris eparchalis" (c.à.d. sous l’autorité de l’évêque) dans la tradition des monastères orientaux. En même temps il décréta la naissance d'un nouvel ordre diocésain, "l'Unité d'Antioche", dont la maison-mère serait le monastère à Qara.

 

2000-2005

 

Pendant ce temps, la communauté commença à obtenir une structure et une petite branche masculine vit le jour avec la venue de trois frères. Les travaux de restauration touchaient à leur fin et dans l'ancienne église plusieurs travaux de reconstruction étaient organisés pour rénover les fresques datant du 11ème siècle.

Notre Eglise du XIème siècle
Notre Eglise du XIème siècle
Restes de fresques du XIème et XIIIème siècle dans notre Eglise
Restes de fresques du XIème et XIIIème siècle dans notre Eglise
Restes de fresques du Xième et XIIIème siècle dans notre Eglise
Restes de fresques du XIème et XIIIème siècle dans notre Eglise

2005-2009

 

La communauté devient plus grande et vraiment internationale avec la venue de plusieurs  vocations des quatre coins du monde à partir de 2009. En même temps, la communauté s’est ouverte à un accueil diversifiée: des personnes ont commencé à venir au monastère sans avoir une vocation religieuse en soi, mais qui avaient besoin d'aide au niveau spirituel et au niveau humain. Ainsi, ces «résidents» sont restés avec nous durant des courtes ou longues périodes jusqu’à des fois plusieurs années. Ils venaient de la Syrie, du Liban ou d'autres parties du monde.

 

En 2007 nous commençâmes la construction du nouveau bâtiment. Il a trois étages, environ 60 chambres, une très grande église / salle de conférence et un restaurant. Jusqu'à ce jour, les travaux ne sont pas terminés.

Aujourd'hui, nous utilisons la grande église comme endroit de stockage pour les collies de produits alimentaires et de santé que nous donnons aux victimes de la guerre. 

 

 2009 …

 

A cette époque, la communauté s’est constituée dans sa forme actuelle.  De plus en plus de visiteurs venaient visiter le monastère pendant cette période, atteignant des pics de plusieurs centaines de visiteurs par jour durant les mois d'été. En 2008 et 2009, un festival de musique religieux fut organisé par la communauté dans le monastère avec la collaboration du diocèse de Homs.

 

La communauté fut donc préparée par son développement spirituel, par sa structuration visible, et par son exercice de l'hospitalité à affronter les moments difficiles qui se présentaient. À la fin de 2010, nous avons entendu parler de tensions et de crises dans les pays voisins: l'Egypte, la Tunisie, la Libye et en Mars 2011, la crise syrienne commença ...

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 [1] Un ermite éthiopien, saint Moïse,  fils d'un roi, qui le premier est devenu moine en Egypte et en Palestine, est arrivé dans notre monastère autour de 628 AD. Ensuite il quitta notre monastère pour fonder une fondation religieuse 30 km à l'Est de chez nous, dans le désert de Nebk. Plus tard ce monastère recevra le nom de Saint Moïse l'Ethiopien ou «Mar Mussa" (P. Paolo dal'Oglio, Il restauro del Monasterio de San Mose l'Abissino, Nebek, Siria, p. 11)