Histoire de notre ancien village de Qara


 

Notre village de Qara, situé dans le région montagneuse du Qalamoun, avait 11 églises (3 qui existent encore aujourd'hui) et un évêché.  Depuis le début du christianisme, ce village était un bastion de l'orthodoxie.  Jetons un coup d'oeil sur son passé prestigieux.

 

"Qara" est un mot araméen. Il signifie "le grand froid" parce qu'un vent froid a tendance à souffler ici de l'ouest. Notre village est une longue plaine de 55 kilomètres qui s’étend sur un plateau entre la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban à l'ouest et la chaîne de montagnes du Qalamun à l'est (voir plan-dessin tout en haut de la page). L’altitude de notre village est d’environ 1300m.

 

Qara est situé entre Homs, Damas et la région libanaise de Baalbek. C’était une zone stratégique pour les Romains, car tous ceux qui voulaient se rendre en Europe via la Turquie moderne passaient par notre village. (Ainsi St Paul, et d'autres Apôtres ont sans doute passé par Qara sur leur chemin vers Antioche).

 

En 150 apr. J.-C. Qara avait son premier évêque. Autour de 325 apr. J.-C. l'évêque Macaire de Qara a participé au concile de Nicée. Sainte Hélène, mère de Constantin, en 326 apr. J.-C., lors de son voyage à Jérusalem, a passé une nuit dans la ville voisine de Yabroud - dont certains disent qu’elle est la plus ancienne ville au monde. Elle a ensuite transformé le temple païen de notre village dans l'église de Saint-Nicolas. Aujourd'hui, cette église a été transformée en la plus grande mosquée de notre village. Le règne de Julien l'Apostat a causé beaucoup de souffrances pour les habitants de Qara autour de l'an 363 de notre ère.

 

L’évêque Dada de notre village a participé au Concile de Chalcédoine en 451 apr. J.-C. Tout au long des premiers siècles Qara est resté à l'abri des influences monophysites [1], restant donc fidèles à la foi catholique.  Autour de 570 apr. J.-C notre village est devenu dépendant du Métropolite de Damas. À ce stade, s'étend une longue période dont on ne sait que peu de choses avec certitude ; nous sautons donc vers l'année 1454 apr. J.-C où on retrouve l'évêque Zazai qui a assisté à une conférence sur la discussion de la date de Pâques à Damas. Nous faisons un nouveau bond dans l’histoire jusqu'à 1628 apr. J.-C, l'année du dernier évêque de Qara, Joseph Naama; en raison de la persécution ottomane il ne restait plus assez de chrétiens à Qara pour justifier la présence d'un évêché. Ensuite Qara renouera ses liens avec Rome et deviendra Grecque catholique (cf. supra).

1719-2015: En 1810, l'épiscopat grecque cahtolique Qara-Yabroud cessa d’exister, et nous sommes ainsi devenu dépendants de Homs, qui lui était dépendant de Baalbek (Liban). Ensuite l'épiscopat a évolué vers sa forme actuelle: l'éparchie grecque catholique de Homs, Hama et Yabroud. Son premier évêque était Michael. Puis est venu Flavianus, après lui Basile, Johanna, Dyonisius, Ibrahim, Isidor et enfin notre évêque actuel Mgr Jean Abdo Arbache (voir photo).

Notre Eglise Grecque Melkite Catholique


Nous appartenons à l’Eglise grecque Melkite Catholique. « Melkites » (du syriaque mlaka et de l'araméen malik, « roi »), nom donné au Ve siècle aux chrétiens des patriarcats de Jérusalem, d'Alexandrie et d'Antioche. Tout comme le pape et l'empereur byzantin, ils acceptaient la définition des deux natures du Christ, telle qu'elle fut énoncée par le concile de Chalcédoine (451). C'est pourquoi les monophysites - qui soutenaient que le Christ n'avait qu'une nature (divine) et rejetaient de fait la position du concile - les surnommèrent « melchites »: royalistes, c'est-à-dire partisans de l'empereur.

  

Après le schisme de 1054, les melchites rejoignirent l'Église orthodoxe mais au cours des siècles suivants certains groupes revinrent à l'Église catholique. On parla alors d'Église catholique melchite. Un patriarche melchite catholique (Sur la photo l'actuel Patriarche Joseph Habsi) fut reconnu par Rome en 1724. De nos jours, la communauté catholique melchite est constituée de quelque 470 000 fidèles. Parmi eux, 270 000 résident sur le territoire du patriarcat, dont le centre est à Damas, en Syrie. Les hommes mariés peuvent devenir prêtres, les offices sont dits en arabe ou, si autorisation en est donnée, dans la langue vernaculaire du pays. 


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[1] Hérésie du moine copte Eutychès pour qui «la nature humaine avait cessé d’exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu» (CEC 467). Dans le Credo, de l’Église catholique, les chrétiens affirment leur foi en Jésus Christ «vrai Dieu et vrai homme». Les monophysites affirment que Jésus Christ n’a qu’une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, Selon ce concile, Jésus-Christ est à la fois vrai Dieu et vrai homme en «une seule personne et deux natures, sans confusion». (Source: https://eglise.catholique.fr/glossaire/monophysisme/)