Frère Jean-Baudouin


Qui suis-je ?

 

Je suis de Bruges (sur la photo à droite). Dans cette belle ville du Moyen-Age j’ai fait mes écoles primaires et secondaires, bien que notre famille ait habité deux ans à Bruxelles aussi. Après cela j’ai entrepris des études en journalisme, que j’ai achevées en décembre 2010. Tout en étudiant ce métier mon cœur m’appelait déjà autre part.

 

Comment ai-je appris à connaître le Seigneur ?

 

Vers mes 14 ans, en rentrant dans ma puberté je suis rentré dans une nuit. Tout à coup, moi qui était toujours sans soucis, joyeux, je suis devenu triste. J’avais perdu mes repères, je me sentais perdu. Durant plusieurs années j’essayais de cacher mon mal-être jusqu’à un moment où je ne voulais plus mentir à moi-même et aux personnes autour de moi et que je me suis dit : « tant pis, si je suis triste, si je n’ai envie de parler à personne, qu’il en soit ainsi. Je me tairai et je vivrai dans ma solitude. » De plus en plus je me renfermais en moi-même. J’étais tellement angoissé que la moindre rencontre avec qui que ce soit me causait un grand stress. Mon seul refuge était ma chambre où je m’enfuyais de la réalité. De plus en plus ma conscience me rongeait et des rêves me réveillaient la nuit.

 

Un jour j’ai eu comme un choc, je ne sais pas trop ce qui s’est passé mais je me suis révolté. Ce n’était pas rationnel. J’ai passé deux mois à vivre au bord de mes limites. Je criais intérieurement et je voulais trouver une réponse au grand vide que je ressentais en moi. Mais n’importe où que je cherchais, je ne trouvais pas de réponse. Je me sentais déchiré au plus profond de mon être. Je me posais plein de questions du genre : « A quoi bon de vivre, de se marier, d’avoir à travailler si après on meurt ? » Je voulais trouver une réponse satisfaisante, une réponse qui puisse me convaincre.

 

A l’époque il y avait une personne dans mon entourage qui m’interpellait beaucoup et qui pouvait peut-être me donner cette réponse. Il s’agit de mon cousin Sébastien. A ces 25 ans, ayant terminé ces études il voulait faire une aventure à vélo : aller du Mexique jusqu’en Patagonie. Son professeur de philosophie le conseillait plutôt de marcher, pour ainsi être sur le rythme de la nature et des gens. Il suivit ce conseil et partit à pieds, sans argent pour St Jacques de Compostelle. Il avait reçu une bénédiction écrite d’un prêtre pour aborder ce pèlerinage. Chaque nuit il se trouvait dans un lieu inconnu, ne sachant où dormir ni ce qu’il allait manger. Il frappa aux portes pour demander l’hospitalité. Très vite il se rendit compte que chaque tout s’arrangeait et qu’il ne devait jamais se soucier de quoi que ce soit. Plus tard il témoignera : « Je suis parti faire ce pèlerinage pour me rencontrer moi-même mais j’ai rencontré le Seigneur Jésus ». Ensuite il fera encore un pèlerinage à Rome et à Jérusalem.

 

Un jour je me suis décidé de faire comme lui. J’ai fait un petit pèlerinage à pied : trois jours, de Bruges à Tournai (vers la maison de mes grands-parents). J’ai voulu le faire sans argent, à la manière ancienne. Durant cette marche une sensation immense de liberté et de bonheur s’est emparée de moi. J’avais l’impression de respirer pour la première fois. En retournant, en suivant les dires de mon cousin, j’ai assisté à la Messe de Pâques, dans l’Eglise de Notre Dame à Bruges. C’était la première fois que j’allais tout seul à la messe. Je me suis assis au quatrième rang et je ne sais pourquoi mes des larmes ont coulé sans arrêt de mon visage, du début jusqu’à la fin. Je me sentais si consolé, si aimé.

Travail de tous les jours (frère Jean sur la photo à droite)
Travail de tous les jours (frère Jean sur la photo à droite)

Comment ai-je appris à connaître le Monastère ?

 

Durant cette même période, où je passais la moitié de mon temps à l’école et l’autre à fuir de la réalité, mon cousin Sébastien et une cousine lointaine m’ont emmené visiter la Syrie. Il faut dire que mon cousin venait de rentrer de son pèlerinage à Jérusalem et qu’il avait surtout été charmé par les syriens, par leur accueil ; et par-dessus par un Monastère dans le désert syrien. Quand je suis rentré pour la première fois dans ce grand Monastère j’avais été surpris par une sœur. Elle n’arrêtait pas de sourire. Elle me semblait tellement heureuse, cela m’interpellait très fort. C’est là que j’ai pu discuter longuement avec la Mère Supérieure, Mère Agnès Mariam de la Croix. Et, pour la première fois de ma vie j’avais l’impression de parler avec quelqu’un qui me comprenait, mais sans que je devais forcément exprimer beaucoup de paroles. C’était une grande consolation.

 

Un an plus tard je me suis décidé de passer 6 mois au Monastère de Mar Yakub. Je voulais étudier pourquoi cet endroit demeurait comme un lieu de lumière dans mon âme une fois revenu en Belgique. Durant ces 6 mois j’ai vraiment appris à connaître le Seigneur d’une manière personnelle. Les sœurs m’ont fait comprendre que la seule façon de dépasser mes angoisses était de leur faire face en m’enracinant dans la réalité de tous les jours. Petit à petit, avec l’aide des conférences de Mère Agnès Mariam, qui nous introduisait à S Jean de la Croix, je me trouvais dans la paix, dans la proximité du Bien-Aimé que je recherchais sans le savoir depuis si longtemps. Je commençais à prier et dans ce silence j’ai trouvé Jésus. Après cela je suis retourné en Belgique pour achever mes études en journalisme. Mais mon cœur était décidé : « Après mes études je serais moine en Syrie ! »

 

En 2012 j’ai reçu l’habit monastique, le jour de la Divine Miséricorde. 

 

Dans la vidéo ci-dessous mon témoignage d'avant ma prise d'habit. Aujourd'hui je diras la même chose qu'à l'époque.